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Rééduquer notre cerveau pour sortir de la crise et sauver la planète

Pascale Frémeaux • sept. 18, 2020

Rééduquer notre cerveau.

Surconsommation, surproduction, surendettement, addictions, obésité, effondrement écologique, pandémie, les raisons de changer notre mode de vie ne manquent pas. Le monde court à sa perte, chacun le sait et pourtant aucune réponse collective ne semble émerger.

Nous sommes face à un phénomène contradictoire incompréhensible : les consciences écologiques se développent alors que les tendances de la consommation et de la production sont à la hausse !
Doit-on rééduquer notre cerveau ?

Qu’est-ce qui cloche chez les humains, pourquoi ne font-ils pas la connexion danger = réaction ?

Pourquoi cette incapacité à réagir ? Qui doit-on incriminer ? L’individualisme forcené, la loi des marchés, la mondialisation…  ou y a-t-il d’autres facteurs à prendre en compte ?

Ce questionnement sur l’absence de rationalité et l’influence de nos émotions dans nos prises de décision et nos comportements n’est pas vraiment nouveau.

Parmi les nombreux intellectuels à avoir tenté une réflexion sur ce sujet, Spinoza au 17 ème siècle mettait déjà en doute la rationalité de l’homme et son incapacité à agir dans le bon sens.

Voici les premiers mots de la quatrième partie de l’Éthique de Spinoza :

« Ce que j’appelle servitude, c’est l’impuissance de l’homme à gouverner et à contenir ses affects. L’homme en effet, quand il est soumis à ses affects, ne se possède plus ; livré à la fortune, il en est dominé à ce point que tout en voyant le mieux, il est souvent forcé de faire le pire. »

Au 20ème siècle, John Maynard Keynes considérait qu’il y aurait chez l’homme un soubassement pulsionnel qui l’empêcherait de faire des choix pertinents en toute sobriété ; l’homme entrepreneur n’est pas « l’homo œconomicus rationnel et pragmatique » que l’on nous présente généralement mais plutôt un individu sous l’emprise d’une dualité de raisonnement au moment des prises de décision ; le moi rationnel s’en remet beaucoup (trop) à ses émotions et à son instinct donc à son esprit irrationnel pour décider et agir.

L’homme est gouverné par ses émotions et ses désirs et en plus il prend des décisions biaisées par des biais cognitifs.

Les biais cognitifs.

Le développement de la recherche en psychologie cognitive et sociale a depuis confirmé cette hypothèse d’une dualité dans notre mode de fonctionnement cérébral en incriminant un concept très intéressant : celui des biais cognitifs.

Une notion introduite au début des années 1970 pour expliquer dans la mouvance de Keynes,  certaines tendances à des décisions irrationnelles dans le domaine économique.

Les biais cognitifs sont des raccourcis de pensée systématiquement utilisées par l’individu lambda qui dévient de la pensée logique. Ils constituent des façons rapides et intuitives de porter des jugements ou de prendre des décisions qui sont moins laborieuses qu’un raisonnement analytique qui tiendrait compte de toutes les informations pertinentes.

Depuis, une multitude de biais intervenant dans différents aspects de notre vie ont été identifiés et détournés par le marketing pour nous inciter à consommer plus.

Parmi ces biais, celui de la réactance est particulièrement intéressant pour comprendre nos comportements actuels. Il consiste a réagir par un comportement opposé à celui que l’on devrait raisonnablement adopter ; pour se rassurer,  se dire que finalement,  » je fais ce que je veux parce que je suis libre « .

Hélas cette mise en avant de la liberté individuelle réside aujourd’hui pour beaucoup dans la liberté de consommer et de polluer sans restriction. Une liberté qui de fait ressemble à une forme d’asservissement particulièrement pernicieuse.

Sommes-nous vraiment capables de comportement et de choix pertinents ?

Et si nos capacités rationnelles étaient largement entravées par un phénomène banalement physiologique ?

C’est la thèse aussi indispensable que dérangeante qu’avance Sébastien Bohler, docteur en neurosciences et rédacteur en chef du magazine  Cerveau & Psycho ,  dans son livre « Le bug humain » *.

* Sébastien Bohler : Le bug humain, éditions Robert Laffont, 7 février 2019. ISBN-10: 2221240103

Bohler défend la thèse que notre cerveau nous pousserait à détruire la planète au nom du plaisir immédiat.

On pourrait pourtant penser que cet organe ultra complexe qui n’a pas cessé de se développer par rapport aux autres espèces, est structurellement programmé pour survivre.

Ce qui est effectivement le cas mais il semble que cette programmation soit si ancienne (environ cinq cents millions d’années), qu’elle n’ai pas évolué assez rapidement et soit devenue totalement inadaptée à notre mode de vie actuel.

Physiologiquement, le cerveau est composé de deux grandes parties : le cortex cérébral et le striatum.

Le cortex cérébral, la partie en surface du cerveau,  est apparue relativement récemment dans l’évolution. Elle permet le langage , la capacité de réflexion et n’a jamais cessé d’augmenter.

Le striatum, est plus en profondeur et plus ancien. Cette partie nous récompense avec de la dopamine lorsqu’on satisfait nos renforçateurs primaires  (nos besoins fondamentaux) que sont : manger, boire, dormir, se reproduire, être en sécurité, obtenir du pouvoir… pour survivre dans un environnement hostile.

Le striatum s’est ainsi développé avec ce système de récompense  car dans l’évolution des êtres vivants, tout ce qui donne un avantage est conservé, inscrit dans les gènes et renforcé.

Désormais, le striatum est aux commandes d’un cortex toujours plus performant qui réclame toujours plus de récompenses. Face à cette addiction, il ne peut lutter contre sa tendance à l’excès. Si hier notre cerveau était notre allié, il nous pousse aujourd’hui à des conduites déraisonnables et aurait bien besoin d’être rééduqué.

Notre striatum de plus en plus sollicité et jamais rassasié dans une société d’abondance, nous mène par le bout du nez.

Les comportements développés et gravés dans le striatum depuis des milliers d’années sont si puissamment installés dans notre cerveau qu’il semble impossible d’en dévier.

Si manger autant que possible était utile dans la savane du paléolithique pour pallier aux périodes de disette, ce comportement n’a plus lieu d’être. Pourtant les courbes de l’obésité et les maladies digestives s’envolent à tel point que selon l’OMS, il y aurait plus de personnes qui souffrent de sur nutrition que de faim dans le monde.

L’intérêt pour le sexe était corrélé avec le besoin de nous reproduire le plus possible car la sélection naturelle donne plus de chances à l’espèce qui fait le plus de copies de son ADN. Cette suractivité reproductrice était compréhensible à une époque de forte mortalité.  Désormais, la démographie galopante et la médecine moderne ne justifient en rien le développement exponentiel des sites pornographiques qui représentent tout de même 35 % du trafic internet total.

Déterminante, lorsque notre survie en dépendait, l’avidité à rechercher des informations est désormais une addiction comme tout ce qui peut alimenter notre cerveau en distraction : jeux, vidéos, séries,  etc .Les outils numériques ont été conçus pour être les meilleurs amis du striatum .

Face à cette saturation d’informations, le temps de réflexion pour décider est  de plus en plus rapide et là, c’est généralement le striatum qui a le dernier mot ; nos critères de choix sont plus pulsionnels que rationnels.

Rééduquer notre cerveau : ne nous laissons plus embobiner par notre striatum !

Malgré toute notre évolution et notre déploiement de technologies, sommes-nous condamnés à être asservis par nos désirs primaires ?

Il semble que la solution, se trouve du côté du plaisir, ce qui est tout de même une bonne nouvelle. 

L’idée serait de nous leurrer en recherchant d’autres formes de plaisir de remplacement à nos mauvaises habitudes consuméristes et obtenir de la dopamine par d’autres voies.

On s’est rendu compte, par exemple, que les comportements altruistes activaient le striatum, surtout chez les femmes. Sans doute parce que l’éducation joue sur le système de récompense ; dès le plus jeune âge, les filles sont encouragées à s’occuper des autres et valorisées. Elles acquièrent ainsi  un statut social, l’une des plus fortes motivations humaines, source de dopamine. Alors pourquoi ne pas encourager aussi les garçons à l’altruisme ?

Autre manière de libérer de la dopamine, manger moins, mais en savourant en pleine conscience.

Nous savons par les IRM qu’un enfant captivé par la visite d’un musée, un jeu d’énigmes ou une lecture éprouve davantage de plaisir qu’en consommant.

En fin de compte, la décroissance matérielle pourrait aller de pair avec une croissance de la qualité perçue comme source de plaisir ; on pourrait se sentir plus heureux en développant la bonne conscience de ce que l’on vit, en valorisant ce qu’on a, en modifiant notre sensibilité.

La seule limite, semble être la capacité à changer notre référentiel de valeur collectivement. Et c’est là que le bât blesse car tant que restreindre son impact environnemental (pas de voiture, décroissance, slow attitude…) sera perçu par la majorité comme une perte de statut social, cela n’incitera pas le plus grand nombre à régir.

Reconnaître que notre cerveau nous joue des tours et déforme nos capacités de discernement est important.

Nul besoin de culpabiliser, utilisons le biais d’optimisme : une faculté également héritée de l’évolution, profondément ancrée dans notre cerveau qui nous permet d’avoir confiance dans l’avenir en surestimant la probabilité d’événements positifs.

Alors, oui, il nous faut rééduquer notre cerveau !

Pour y parvenir, il faut d’abord bien comprendre que la volonté et la motivation n’est pas suffisante ici mais heureusement il y a des solutions: pourquoi ne pas tentez la méthode BJ Fogg?  ici

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