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Ne comptez pas sur votre volonté pour changer !

Pascale Frémeaux • sept. 21, 2020

Changer son comportement par la volonté: ne comptez pas que sur votre force de caractère et votre motivation !



La rentrée est le moment idéal pour prendre de bonnes résolutions. Mais comment modifier son comportement, ou du moins, tenter de se défaire de ce que nous avons de toxique pour installer des processus plus positifs ?

Si la majorité de nos actions sont le fruit d’automatismes, compter sur la seule force de sa volonté pour les changer, ne serait pas la bonne solution selon les dernières recherches en psychologie comportementale.

Vous en avez peut-être vous même fait l’expérience ? Prenons par exemple, notre relation à notre téléphone portable : d’abord serviteur miraculeux de tous nos besoins, il est devenu pour beaucoup une dépendance qui résiste à la meilleure des volontés. Consulter ses messages, ses notifications à tout bout de champs même en tête à tête avec sa moitié est une action très difficile à réfréner. La solution ? Jeter son téléphone ?

Peut-être n’avons-nous pas besoin d’être aussi radical, mais ne comptez pas que sur votre self-control pour changer !

Il vaudrait mieux transformer le contexte de nos actions en douceur. Cela parait facile à dire mais en pratique comment s’y prendre au juste ?


Les bonnes habitudes valent mieux que les bonnes résolutions.


La formation des actions, des comportements et leur incidence sur la santé ou le bonheur sont un important champ de recherche en psychologie. Le moins que l’on puisse dire c’est que les avis divergent sur le sujet. Peut être est-ce une question d’objectif ? Nous aider à nous améliorer ou nous conforter dans nos vilaines actions ?

Tous les spécialistes du développement personnel et du marketing aiment à nous laisser penser que loin d’être des créatures passives, nous possédons notre destin bien en mains ; En flattant nos égos par des slogans simplistes sous forme d’exhortations à agir ou du moins à nous reprendre en main (« just do it », « make it happen »…), ils nous confortent dans l’idée (erronée) que nous maitrisons notre pouvoir de décision et de changement.

En misant sur « l’illusion introspective », un biais cognitif qui nous entraine à largement surestimer nos capacités de choix et de volonté, ils nous incitent au contraire à conforter nos mauvais comportements pour continuer à consommer.


-> Pour en savoir plus sur les biais cognitifs, c’est ici.

Pour modifier son comportement, l’important n’est pas d’utiliser sa volonté mais de reconfigurer son environnement.

Bonnes habitudes, mauvaises habitudes.

Certains auteurs tels Roy Baumester et John Tierney abondent dans ce sens en publiant un livre au titre évocateur, Le pouvoir de la volonté ; il suffirait d’une bonne reprise en main, d’un peu de force de caractère que diable pour modifier son comportement et réussir sa vie. Vraiment mais pourquoi n’y avons-nous pas pensé avant, me direz-vous ? Selon notre duo de choc, la volonté est un muscle (presque) comme les autres à renforcer tels des abdominaux de l’esprit. Il est fort à parier que leur proposition entrainera les mêmes effets que les milliers de sites, livres, programmes de renforcement musculaire destinés à satisfaire notre désir d’arborer un abdomen plat et musclé sur la plage au risque de conserver en réalité notre ventre mou.

Dans son livre Good Habits, Bad Habits (disponible en anglais), la psychologue Wendy Wood réfute la solution de la seule force de la volonté tout en proposant des moyens plus réalistes et scientifiques de se défaire de nos mauvaises habitudes .

Selon elle, différents mécanismes s’imbriquent pour guider nos comportements. En plus de notre pouvoir de décision qui nous permet de définir ce changement, nous devons également faire appel à des fonctions exécutives pour mettre en action ce que notre volonté nous dicte. Ainsi maintenir ses bonnes habitudes, réprimer les mauvaises et en créer de nouvelles feraient intervenir à la fois des facteurs conscients et inconscients.

L’apprentissage d’une tâche qui grace à de la répétition pourrait devenir une habitude, n’active pas les mêmes zones du cerveau qu’un comportement acquis. L’imagerie par résonance magnétique démontre que les nouvelles taches stimulent une zone précise du cerveau, celle de l’apprentissage : dans le cortex préfrontal et l’hippocampe  alors que les tâches acquises et automatisées déplaceront l’activité neurologique vers une zone différente dite de « machinerie élémentaire» : la région du putamen et des noyaux gris centraux. Dans cette dernière zone sont regroupées de nombreuses suites d’actions que nous effectuons assez machinalement comme la conduite d’une voiture par exemple. Des pratiques ancrées assez difficiles à modifier.

Wendy Wood, a quantifié et constaté que 43 % de notre activité est purement automatique et relève de l’habitude. Ce qui explique pourquoi la seule décision de modifier un comportement ne suffit pas à y parvenir. A moins d’avoir une volonté en béton couplée à une plasticité cérébrale hors du commun.

Pour illustrer son propos, elle souligne comment les initiatives de santé publique notamment incitant à adopter une meilleure hygiène de vie se soldent majoritairement par un échec ; Il ne suffit pas de sensibiliser une population à ce qui est bon pour sa santé pour modifier durablement ses comportements de consommation et d’alimentation car cuisiner, faire ses courses et manger sont des activités entièrement régies par l’habitude.

La plupart des gens n’ont pas la maitrise de soi requise pour les transformer. Cette force de volonté est-elle innée ? Une majorité d’entre nous seraient ainsi condamnés à ne pas pouvoir s’améliorer, enfermés dans une mauvaise routine ? Wendy Wood ne semble pas le penser : les meilleurs résultats aux tests de maitrise de soi qu’elle a réalisé sur un panel d’étudiants démontrent que ce sont des facteurs contextuels qui ont favorisé ces bons scores et non pas le self-control.

En d’autres termes, pour se défaire de ses mauvaises habitudes, l’important n’est pas d’utiliser sa volonté mais de reconfigurer son environnement de façon à favoriser les bons comportements.

Paradoxalement pour maîtriser une situation et changer, il vaut mieux court-circuiter la volonté que l’utiliser.


Pour mettre en place le bon environnement propice au changement, il suffirait d’organiser un nouveau contexte qui nous rendrait plus enclin à obtempérer. Ce que Wendy Wood appelle « le frottement » c’est à dire l’installation d’un contexte tel que nos mauvaises habitudes nous apporteront assez de désagréments pour les faire cesser; l’inertie dans l’action nous mettrait ainsi sur le chemin de la vertu sans avoir besoin de faire appel à la volonté.

A titre d’exemple, le simple fait de ne plus pouvoir fumer à l’extérieur de chez soi et l’augmentation du prix des cigarettes a créé ce « frottement » et la baisse évidente du tabagisme. Cacher le paquet de gâteaux dans un endroit assez inaccessible, rend plus facile l’action d’y résister.

Cela demande malgré tout des efforts car comme nous l’avons vu précédemment, le marketing a contrario tend exclusivement à nous conforter dans nos mauvaises habitudes de consommation en réduisant au maximum ce « frottement » . En rendant tout achat plus facile, plus pratique, le commerce annihile notre capacité à nous remettre en question.

La seule manière de garder le contrôle et de ne pas se laisser manipuler selon Wendy Wood serait de commencer par modifier l’habitude elle-même en l’adaptant. Comme on ne peut pas s’en défaire par la volonté, il vaut mieux la remplacer par une autre moins mauvaise.

Inutile aussi de voir trop grand, en essayant de changer d’un seul coup différents comportements. Ne soyez pas trop ambitieux sans quoi vos efforts seront voués à l’échec.



Transformer progressivement chaque mauvaise habitude est la meilleure stratégie.

Wendy Wood propose une stratégie en quatre étapes sans changement drastique :

  • 1ère étape : Prendre d’abord conscience de son comportement problématique et d’un seul à la fois.

Reprenons l’exemple du téléphone portable : admettre sa dépendance et le fait que cette utilisation irraisonnée perturbe nos relations tant professionnelles que personnelles est un premier pas déterminant.

  • 2nde étape : Dépister les « signaux contextuels ».

C’est à dire repérer ce qui nous pousse à nous jeter sur notre téléphone. Que ce soit, le son des notifications, le fait d’avoir le téléphone sous les yeux, l’envie de diversion face à une tâche ennuyeuse etc…

  • 3ème étape : Chercher comment créer le fameux « frottement » et ainsi faire en sorte qu’il soit plus difficile de céder à sa routine.

Personnellement, je laisse le téléphone éteint lorsque je suis très occupée car bien que j’aimerais relever mes messages plus régulièrement, j’ai souvent la flemme de le rallumer.

A vous de tester différents frottements jusqu’à trouver le bon.

  • 4ème étape : s’octroyer des récompenses

Pour ancrer vraiment le changement, il est fondamental d’inventer de nouvelles gratifications ou récompenses qui viendront remplacer celles que vous procure dans notre exemple, votre téléphone. Écouter votre émission favorite en voiture, lire un bon livre papier plutôt que twitter. …ou simplement savourer le fait d’être plus détendu(e) et libéré(e) de ses automatismes.



-> Pour aller plus loin sur ce sujet et découvrir comment procéder concrètement, c’est ici.

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